BRUNO PAUPETTE, MAÎTRE VERRIER RACONTE

BRUNO PAUPETTE, MAÎTRE VERRIER RACONTE

Bruno Paupette : Bonjour ! Je m’appelle Bruno Paupette et je suis compagnon de l’atelier Marq. Je suis venu en Israël pour effectuer la restauration du vitrail monumental de Mordekhaï Ardon situé dans le hall de l’Université Hébraïque de Jérusalem.

Florence (ADCJ) :Avant de nous dévoiler les différentes étapes de la fabrication d’un vitrail pouvez-vous dire ce qu’est un vitrail ?

BP : Un vitrail est une composition formée de pièces de verre coloré assemblées par des baguettes de plomb. Sa préparation nécessite plusieurs étapes.

  • Tout d’abord l’artiste réalise une maquette à l’aquarelle ou à la gouache au 10e ou au 20e.
  • Le maître verrier, après réflexion, propose un choix de couleurs.
  • Ensuite, il agrandit la maquette à taille réelle. Il s’agit d’une photographie en noir et blanc. Cette photographie recouverte d’un calque est fixée verticalement au mur.
  • Sur le calque à taille réelle, le maitre verrier décide et trace le passage des plombs. Ensuite entre chaque réseau de plomb, il indique ensuite le numéro de la couleur du verre choisie.
  • Sur un carton qui s’appelle un « calibre » il dépose du papier carbone puis le calque et reporte les traits de plombs et le numéro de chaque couleur de verre choisie.
  • Après avoir enlevé le calque et le papier carbone, il découpe chaque trait de plomb avec le seul outil spécifique du verrier « le ciseau triple lame ».
  • Il pose le « calibre » sur la feuille de verre portant le numéro de référence et coupe la pièce à l’exacte dimension du « calibre » à l’aide d’une roulette.
  • Le verrier ou l’artiste peuvent ou non peindre les pièces à la grisaille qui seront cuites à 640 degrés en respectant les paliers de cuisson.
  • Le sertissage ou la mise en plomb consiste à assembler les verres et les plombs.
  • Toutes les pièces seront assemblées avec du plomb déjà formé sur une table à plat.
  • Le « soudage » consiste à souder avec de l’étain chaque intersection de plomb, retourner le panneau et recommencer l’opération.
  • Le « masticage » assure l’étanchéité du vitrail. Il faut faire pénétrer un mastic un peu liquide entre les plombs et les pièces et laisser le panneau à la verticale pendant un mois.
  • Il ne restera plus alors qu’à le poser dans l’édifice.

Fl : Savez-vous que le vitrail du hall de l’Université Hébraïque de Jérusalem a été dessiné et imaginé par Mordekhaï Ardon ?

De son vrai nom Max Borstein, Mordekhaï Ardon, est né en Pologne dans le village de Tuchow. Il étudie à Berlin de 1921 à 1925 avec Kandinsky et Klee dont il devient l’ami. En 1933 il s’installe en Erets Israël et change son nom en Ardon. En 1980 Mordekhaï Ardon fait appel à l’atelier Simon Marq à Reims pour réaliser un vitrail de 100 mètres carrés. Il faudra 4 ans de travail pour en venir à bout.

L’atelier Simon Marq qui a été est créé en 1640 appartient à une famille de maître verrier qui perpétue une tradition familiale de création et de restauration de vitraux en France et à travers le monde. Benoît et Stéphanie Marq le dirigent actuellement.