Espagne

Le document le plus ancien qui atteste la présence des Juifs en Espagne date de 300 ou 301. Avec la conversion au christianisme du roi wisigoth Recared (586-601), des mesures anti-juives se développent. On enlève des enfants juifs à leur famille et on les confie à des familles chrétiennes ou à des couvents pour les convertir. Pour échapper à ces rapts, beaucoup de familles se convertissent tout en observant secrètement les lois juives – ce sont les premiers Marranes. En 713, la péninsule ibérique est soumise à l’autorité du Maghreb. Les Juifs – officiellement inexistants puisque convertis – voient d’un bon œil l’arrivée des musulmans. Ils parlent et écrivent l’arabe et fréquentent les milieux intellectuels arabes et la cour du Calife. Hasdaï Ibn Chaprout est le premier Juif à jouer un rôle politique en Espagne. Avec lui débute l’âge d’or espagnol. Au 11e siècle, on assiste à une floraison de moralistes, de poètes et de talmudistes juifs. La Reconquista, c’est-à-dire la reconquête chrétienne, s’étend entre 1086 et 1248. Les chrétiens ont besoin des Juifs parce qu’ils savent l’arabe, connaissent les mentalités et les habitudes arabes et ont des relations avec l’étranger. Malgré tous les changements politiques, la vie intellectuelle est intense. Abraham Ibn Ezra (1089-1164) exerce en tant que médecin et est commentateur rabbinique. Yehouda Halevi (1075-1141) est médecin et poète. Maïmonide (1135-1204) écrit des livres traduits et étudiés jusqu’à nos jours. Rabbi Moché ben Na’hman, le Ramban, Na’hmanide, Moché ben Chem Tov de Léon (1240-1305) est l’auteur du Zohar. En 1492, 90 000 Juifs acceptent d’être baptisés. Ce sont les Marranes. On estime à 160 000 le nombre de Juifs qui partent en exil. Les peu de Juifs qui restent en Espagne pratiquent clandestinement le judaïsme, oublient l’hébreu, mélangent des pratiques juives et chrétiennes et observent en cachette l’allumage des bougies de Chabbat. Ce n’est qu’en 1834 qu’un décret abolit définitivement l’Inquisition.