Et pour le théâtre !

Le théâtre a toujours suscité une méfiance dans la tradition juive. Ce n’est qu’à la fin du 19e siècle, alors que l’Affaire Dreyfus et donc l’antisémitisme fait la une des journaux, que les auteurs dramatiques juifs voient leurs pièces jouées par des acteurs professionnels sur les scènes d’Europe centrale, puis à Broadway.

Cette époque fertile en contraste est également témoin de deux mouvements contradictoires : le désir d’émancipation des Juifs avec la Haskala (raison ou intellect) et le ‘hassidisme prônant un état d’exaltation émotionnelle basée sur l’étude mais aussi les contes, les chants et l’attachement au Rebbe.

La coexistence de ces deux mouvements donne naissance au théâtre yiddish, célèbre dans le monde entier pour avoir mis en scène les grands thèmes de la tradition juive en butte à l’assimilation.
En Europe, les auteurs dramatiques juifs abordent les problèmes de l’antisémitisme et de l’assimilation. Théodore Herzl, un des premiers, traite ce sujet en 1894 avec Le Nouveau Ghetto. Il est suivi par un grand nombre d’auteurs dramatiques juifs français. Leurs pièces montrent souvent un ou des personnages désirant échapper à leur identité juive sans vraiment y parvenir.

Henry Bernstein avec la pièce Israël (1908) et Armand Lunel avec Esther de Carpentras, adaptent et actualisent de grands sujets bibliques, prouvant ainsi que la Bible est intemporelle.

A la même époque, à Constantinople, à Smyrne, à Salonique, dans les Balkans, le théâtre séfarade utilise les mêmes thèmes de prédilection que le théâtre yiddish pour monter des pièces en judéo-espagnol où il met en scène également des scènes bibliques ou des événements contemporains.

La Shoah, sujet difficile en soi, a donné lieu à des pièces parfois écrites et jouées au moment même de cette sombre époque. C’est le cas de Brundibár, un opéra pour enfants interprété pour la première fois à Theresienstadt en 1943. Plus tard, les enfants des rescapés juifs ont écrit sur la façon dont les Juifs ont vécu cette période.

Puis, avec le cinéma, certains réalisateurs dont Gérard Oury prennent le parti de faire sourire leur public en montrant un français xénophobe travesti en rabbin. Il s’agit bien sûr de Rabbi Jacob réalisé par Gérard Oury.